Comment apprivoiser notre pire ennemi : notre propre égo ?
by Aslam Bakkali Feb 26 2023


Il est plus facile de se laisser croire que nos échecs sont dus à des ennemis extérieurs tant malveillants que cruels plutôt que de faire face à une triste réalité : nous sommes notre propre ennemi ou plus précisément, notre égo ou cette estime de soi mal placée, maladivement égoïste et couronnée par cette arrogance destructrice.
On confond régulièrement égo et ambition ou encore égo et confiance en soi qui sont deux traits de caractère indispensables pour surmonter les obstacles et avancer.
Contrairement à l’égo sans fondement, superficiel et narcissique, la confiance se construit sur un travail acharné, sur une volonté d’apprendre, sur des réalisations concrètes et sur une auto-évaluation précise de nos compétences. En poussant le trait, on pourrait dire que l’égo est usurpé et la confiance remportée.
L’égo dont je parle est celui que nous aveugle et nous empêche de construire des relations saines et durables à cause de cette incapacité chronique à se remettre en question.
Le talent peut certainement contribuer au succès mais l'humilité, la volonté d’essayer et de s’impliquer, sont beaucoup plus susceptibles de nous conduire à réaliser nos aspirations.
Si nous surestimons notre talent, nous ne pourrons jamais nous améliorer. Si nous pensons avoir toutes les réponses, nous n’apprendrons jamais.
Vous avez probablement déjà entendu parler de l’effet Dunning-Kruger qui est cette distorsion de la réalité par laquelle un individu, excessivement confiant en ses capacités, pense « honnêtement » être compétent sur un sujet qu’il croit, à tort, maîtriser. En quelque sorte, il n’est pas conscient de son incompétence.
La compétence la plus importante que nous puissions posséder pourrait être celle d’être capable de s’auto-évaluer objectivement.
Prenons un instant pour nous évaluer sans complaisance. Soyons totalement honnêtes, objectifs et … impitoyables. Le but n’est pas de nous rabaisser ou de nous flageller mais de faire le point. Si nous avons une compréhension réaliste de l’état précis de nos capacités, nous aurons beaucoup plus de chances de réussir car nous serons prêts à remettre l’ouvrage sur le métier.
Pour pouvoir apprivoiser notre égo, s’approcher de l’humilité dans nos aspirations et réussites tout en étant résiliant face à nos échecs, il est primordial de pouvoir le reconnaître.
Avant de pouvoir courir, il faut apprendre à marcher. Le chemin vers le succès peut être long et laborieux mais c’est un passage obligé pour maîtriser de nouvelles compétences. Relevons nos manches et soyons patients car, contrairement à ce que les réseaux sociaux tentent de nous faire croire, il n’existe pas de raccourci.
Soyons des « étudiants » permanents, obsédés par la soif d’apprendre.
Si nous avons acquis une reconnaissance par notre travail, si nous avons des titres impressionnants, pour ne pas dire ronflants, il sera d’autant plus difficile de garder les pieds sur terre et de résister à notre égo et aux appels des sirènes.
Se reposer sur nos lauriers est aussi le résultat de notre fierté qui nous fait croire que si nous avons réussi quelque chose c’est que nous sommes au-dessus de la mêlée, que nous sommes « exceptionnels ». Ah que c’est bon de se délecter avec suffisance et complaisance de nos « petits » succès ! Ah que c’est bon d’impressionner la galerie ! Néanmoins, en se faisant, nous passons probablement à côté de réalisations et de contributions bien plus importantes.
La question clé est « qu'est-ce qui est important pour nous ? pas pour notre entourage mais pour nous ? L’argent, le pouvoir, la qualité de vie, le partage, l’amitié, etc … ? Sans la réponse à cette question, l’égo nous conduira de manière forcée vers une destination non-choisie que nous regretterons peut-être … un jour.
Poursuivre notre objectif, quel qu'il soit, nécessitera des choix, des compromis. L’égo est intolérant, il interdit tout compromis.
C’est une lapalissade mais la clé pour trouver ce que nous recherchons est de savoir ce que nous recherchons.
Notre égo, nous ramène toujours à nous-mêmes. Il nous dira, par exemple, que nous sommes indispensables et que nous ne pouvons pas faire confiance à nos équipes ou à nos collègues pour mener un projet à bien, nous empêchant de déléguer et de faire grandir nos collaborateurs et collègues.
Nous devons combattre cette tentation de faire nous-mêmes le travail sous un prétexte fallacieux que nous le ferions mieux.
Dans un même ordre d’idée, pour l’égo, échouer n’est pas une option. Remettons-le à sa place en acceptant l’échec comme partie intégrante du processus d’apprentissage et en faisant fi du « qu’en dira-t-on ».
Libérons-nous de notre égo. Ne le laissons plus se mettre en travers de notre chemin. Acceptons que nous ne sommes pas omniscients et que nous avons de superbes opportunités de continuer notre développement pour le bien de tous en passant, bien entendu, par le nôtre.
Je terminerai par ce que disait le philosophe Epictète : « il est impossible d’apprendre ce que l’on croit déjà savoir ».
Bien à vous,
Aslam